Chère Pilar
J’ai suivi ton travail depuis des années, comme tu l’as fait avec moi. Par pudeur nous n’avons jamais parlé de cela explicitement.
Chaque artiste a ses obsessions ‘nécessaires’, et je trouve les tiennes si ‘légitimées’ par les lieux où tu as vécu et encore plus par le lieu où tu es née.
Je sais bien combien, toi, tu sens intensément les lieux, comme c’est naturel chez ceux qui vivent dans l’art. Et voilà que je découvre comment tu traverses ‘ces’ lieux, avec ‘ces’ chaussures qui apparaissent d’une façon récurrente dans plusieurs de tes oeuvres ou bien de coexistence d’état et de mouvement, de passé et futur.
Cette nécessité de bouger est si enracinée en toi; parcourir d’autres lieux, pèlerin, ….
Ce Chemin qui passe près de chez toi, réconfortée par ‘ta’ mer que tu nous rends en forme de sel.
Sur ‘ton’ sable tu gis, pieds nus, imitant les Saintes : lesquelles ne peuvent montrer que ce seul attribut, le reste caché par de longues chevelures que, transformées en perruques, tu remets sur des consoles baroques en évoquant des danses de cour.
Des danseuses infatigables qui virevoltent à l’infini, jusqu’à en perdre la tête, les chaussures, le vêtement, jusqu’à épuisement.
Ingénues seulement dans leur apparence, et apparemment absentes, « modèles», en train d’imaginer des gares jusqu’à ce qu’elles se récupèrent.
Elles se brossent les cheveux face aux miroirs de lumière dans l’attente de rayons stigmatiques qui élaborent enfin un sauvetage, et ainsi, enfin recueillies, demeurent languissantes et en extase, en écoutant la mer dans les coquillages.
Pendant ce temps là, les garçons jouent à la guerre, simulent et …. Ils vraiment meurent.
Tu unis des éléments qui s’attirent et se rejettent, qui vivent ensemble dans la couleur, comme moi, j’aime, et c’est par cela que nous conservons l’instinct de la peinture.
A un autre jour Pilar, dans un autre endroit.
il marchessino
Sarzana, Italia. 27-février-2010